Il n’y a pas de point de départ

Juste quelques traits de couleurs suspendus dans le vide

Qui déroulent un à un nos souvenirs perdus

La chaleur d’un sein comme une déferlante

La voix douce d’une ombre à l’amour exclusif

Le souffle d’un baiser, la douleur de l’absence

Les rêves d’un autre soir, l’odeur des fleurs coupées

L’immunité de sa propre insouciance

Mille vies vécues

Au nom de tous les siens

Les beautés que l’on peint

Les mots que l’on écrit

Chacune de nos notes

Nos statues endormies

Ce que l’on crée de nos mains impatientes

Notre douce folie, nos pensées innombrables

Nos regrets incessants, nos fautes imaginaires

Notre indicible ennui, nos amours éternels

Le succès, la gloire, l’éblouissant soleil

L’eau noire de notre orgueil sans fin

Ne sont plus que des cendres jetées sur un chemin

Mille vies vécues

Au nom de tous les siens

Nos amis et nos frères

Nos épouse, nos fils, notre mère

Tous ceux qui ont chanté notre nom dans leurs prières

Dorment dans le grand froid, recouverts d’une pierre

Tant de batailles menées, d’une fierté sans nom

Tant de luttes perdues, d’une indicible honte

Et toujours ce désir de relever la tête

En se remémorant le temps de l’innocence

Quand notre cœur s’enivrait de sa propre bonté

Et notre âme était pure et pleine de gaieté

Il n’y a pas de point de départ

Juste des traits de couleurs qui tourbillonnent au vent,

S’enroulent et se déchirent

Dans l’immensité sourde d’une nuit qui s’étire

Supportant nos vies telles des cartes postales

Envoyées à un dieu injuste et immoral


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